D’où vient la volatilité boursière?

Les indicateurs économiques, comme la croissance du PIB, l’inflation et les chiffres de l’emploi, peuvent provoquer de fortes fluctuations sur les marchés, surtout quand ils ne correspondent pas aux prévisions. Par exemple, si les chiffres sur l’inflation mensuelle traduisent une augmentation des prix plus rapide que prévu, les investisseurs risquent d’anticiper une accélération des hausses de taux d’intérêt, ce qui pourra déclencher une chute des actions et des obligations.

Ces indicateurs sont étroitement associés à l’évolution du cycle conjoncturel, au cours duquel l’activité économique connaît naturellement des phases de hausse et de baisse. C’est souvent lors des transitions que les réactions des marchés sont les plus marquées, soit lorsque la croissance commence à donner des signes de ralentissement ou de reprise.

Ce qu’il faut garder à l’esprit, c’est que, si les statistiques économiques peuvent déstabiliser les marchés à court terme, à long terme, les tendances structurelles comme l’innovation et la productivité prennent généralement l’ascendant sur le reste. Pendant la crise financière de 2008 et au début de 2020, la publication des indicateurs économiques faisait souvent la une et les rapports sur l’inflation ou sur le marché de l’emploi provoquaient systématiquement de vives réactions. La volatilité s’installait pour quelques jours, mais les marchés finissaient par se redresser et les placements des investisseurs axés sur le long terme regagnaient le terrain perdu et même plus.  

La politique monétaire en général, et les variations des taux d’intérêt en particulier, font partie des éléments qui influent le plus sur les marchés. Les banques centrales comme la Réserve fédérale américaine et la Banque du Canada ajustent leurs taux pour assurer la stabilité des prix et favoriser la croissance économique. Mais ces interventions, et même les rumeurs d’éventuelles modifications des taux d’intérêt, peuvent entraîner une flambée de volatilité sur les marchés.

Au début des années 1980, la Fed avait relevé son taux directeur à près de 20 % en réponse à la hausse effrénée de l’inflation. À court terme, sa décision avait provoqué des récessions et des turbulences sur les marchés, mais, après un certain temps, elle avait permis à l’économie de se stabiliser et jeté les bases d’un long marché haussier. En d’autres termes, oui, les marchés peuvent dans un premier temps réagir violemment aux changements de politique monétaire, mais, une fois que l’économie reprend pied, ils regagnent habituellement le terrain perdu et même plus.

Les marchés ont horreur de l’incertitude; or, il n’y a guère plus incertain que la situation géopolitique. Les guerres, les conflits commerciaux, les élections et les crises diplomatiques peuvent miner la confiance des investisseurs, perturber les chaînes d’approvisionnement mondiales et compromettre les perspectives de croissance économique.

Les chocs géopolitiques sont impossibles à prévoir, mais leurs répercussions à long terme ont tendance à s’atténuer à mesure que les marchés s’adaptent aux nouvelles réalités. Pendant la guerre du Golfe, le S&P 500 avait reculé de 18 % après l’invasion du Koweït par l’Irak, le 2 août 1990. Quelques semaines après le début de l’opération Tempête du désert en janvier 1991, les marchés s’étaient redressés. Un an après sa baisse initiale, le S&P 500 avait non seulement récupéré le chemin perdu, mais il était en outre en hausse marquée.

Les marchés ne sont pas toujours rationnels. La peur, l’appât du gain ou la tendance au mimétisme peuvent amplifier la volatilité, même en l’absence de changement au niveau des éléments fondamentaux. Quand la peur s’installe, le marché peut se retrouver dans une spirale baissière. Quand l’optimisme est au plus haut, les valorisations peuvent déraper.

C’est ce qui s’est produit pendant la bulle technologique du début des années 2000 : les actions technologiques avaient flambé sous l’effet d’un engouement marqué, avant de s’effondrer. En 2008, un mouvement de panique avait fait chuter les cours des actions bien en deçà de leur valeur intrinsèque. Et, pendant la pandémie de 2020, la peur avait déclenché un des krachs boursiers les plus rapides de tous les temps, suivi d’une des reprises les plus rapides. Ce qu’il faut retenir, c’est que l’humeur des investisseurs a des effets majeurs sur les marchés à court terme, mais qu’elle en altère rarement la valeur à long terme.

Un titre liquide est un titre qui peut être facilement acheté ou vendu sans que son cours s’en ressente. Sur un marché efficace, il y a habituellement suffisamment d’acheteurs et de vendeurs pour que les cours restent stables. Mais, en période d’incertitude, l’équilibre peut se rompre.

Quand le nombre d’acheteurs potentiels est insuffisant, le moindre mouvement de vente peut faire rapidement chuter les cours. Lors des grandes faillites bancaires de 2008, la peur et le sentiment d’urgence ressentis par les investisseurs avaient provoqué un vaste mouvement de vente. Les cours des actions avaient alors plongé et enregistré des fluctuations erratiques. Quand les banques centrales étaient intervenues pour rétablir la confiance et que les conditions de prêt avaient commencé à se stabiliser, les marchés s’étaient redressés et avaient atteint de nouveaux sommets.

Les cours des actions sont étroitement liés aux bénéfices réalisés par les entreprises et à leurs perspectives de résultats. C’est pour cela que les marchés réagissent quand les bénéfices ne sont pas à la hauteur des attentes ou quand les entreprises cessent de faire part de leurs prévisions.

Les bénéfices connaissent naturellement des phases de hausse et de baisse tout au long du cycle conjoncturel. En période d’incertitude ou de contraction économique, les entreprises ont tendance à se faire avares de prévisions. Par exemple, après le 11 septembre, beaucoup ont cessé de publier leurs prévisions face à l’incertitude mondiale. En 2020, en raison de la pandémie, le même phénomène s’est reproduit dans tous les secteurs. À chaque fois, la réaction des investisseurs à l’absence d’information et à l’infléchissement des perspectives a provoqué une flambée de volatilité sur les marchés. Quand la reprise s’est installée, les dépenses ont repris, les bénéfices ont commencé à se redresser et les marchés ont suivi.

Les flambées de volatilité se produisent souvent en réaction à des événements soudains et imprévus, qui peuvent être de nature géopolitique, environnementale ou économique. Ces chocs produisent de l’incertitude et déclenchent une réaction rapide des marchés. Le Lundi noir de 1987, les attentats du 11 septembre et le début de la pandémie de COVID-19 ont tous entraîné des chutes soudaines et marquées.

Mais ils ont également fait ressortir une vérité immuable : après la crise vient la reprise. Elle survient parfois rapidement, parfois lentement, mais elle est la règle, pas l’exception. Il peut y avoir des turbulences à court terme, mais, à long terme, la tendance est systématiquement à la hausse.

La volatilité fait partie intégrante du processus de placement et il est important d’en comprendre les causes pour réussir à garder le cap quand l’actualité devient anxiogène. Nous sommes déjà passés par là. Et nous savons à quoi nous attendre.