Buddug Wynne-Roberts

Buddug Wynne-Roberts

Buddug Annie Wynne-Roberts est née à Carnarvon, dans le Pays de Galles. Elle est entrée au service de la Banque Canadienne de Commerce le 6 mars 1916, à la succursale de Toronto. Elle s'est ensuite enrôlée dans la 13e brigade des détachements des auxiliaires volontaires, où elle a servi à titre d'infirmière volontaire à Birmingham, en Angleterre, puis à Rouen, au Havre et à Calais, en France. En novembre 1919, après la guerre, Mme Wynne-Roberts est retournée à son travail à la banque, où elle est demeurée jusqu'en juin 1920.

Extrait de la lettre écrite au No. 1 Southern General Hospital à Birmingham, en Angleterre :

« Nous sommes arrivés dans la nuit de samedi et, dès le dimanche matin, nous avons été affectés à nos postes. J'ai déjà l'impression d'être ici depuis des mois. Pour le moment, je travaille avec les convalescents et je ne suis donc pas débordée, bien que je ne prenne pas beaucoup d'expérience médicale. Les autres travaillent presque tous en chirurgie et ils ont commencé immédiatement à faire des pansements, etc. Le travail est très intéressant et je suis très heureuse d'avoir la possibilité de faire quelque chose pour nos pauvres soldats. Certaines blessures sont horribles au point que l'on se demande parfois s'il ne vaudrait pas mieux laisser mourir les malheureuses victimes. Pourtant, les gars sont extraordinaires, toujours le sourire aux lèvres et le bon mot. De plus, dès qu'ils sont en mesure de se lever, ils cherchent tous à nous aider de leur mieux. »

Dans une autre lettre, Mme Wynne-Roberts parle de la satisfaction que donne le devoir accompli :

« Au lieu des éternelles tâches d'entretien ou de supervision d'entretien, je passe mes journées, et même mes soirées, à manipuler des ciseaux, des forceps et des sondes, à appliquer des pommades, à recouvrir des blessures très profondes avec des bandes de gaze et à envelopper des têtes et des membres de kilomètres de pansements. Tout un changement par rapport à mon travail à la banque. Au début, j'arrivais à peine à supporter l'odeur des produits antiseptiques et des lotions qui me donnaient de violents maux de tête, tandis que la vue des corps martyrisés de nos pauvres soldats m'était tout à fait intolérable. Toutefois, je me suis habituée et, maintenant, j'adore mon travail. Je me sens très valorisée de voir que je peux nettoyer de vilaines blessures qui se referment ensuite très bien, sans mentionner les gars qui retrouvent peu à peu leur courage et l'usage de leurs membres. Nous ne recevons pas les cas les plus graves du principal hôpital, mais je suis très heureuse de mon expérience ici et certains cas sont même bénins. »

Extrait d'une lettre écrite durant le quart de nuit en juillet 1917 dans un hôpital français et décrivant un rare moment de tranquillité puis le retour à la dure réalité :

« Hier matin, j'ai fait une très jolie promenade. Je voulais d'abord ne faire que quelques pas, puis la douceur de l'air après une nuit humide m'a soudain remplie d'une énergie inhabituelle. Au haut de la colline se trouve le village de Bon Secours, renommé, je suppose, pour son église et son monument à Jeanne D'Arc, qui surplombent tous les deux la rivière. La Grand-messe allait bientôt commencer lorsque je suis entrée et je me suis donc assise sur un banc durant l'arrivée des fidèles. Il y avait quelques soldats français en uniforme bleu-gris et quelques soldats belges en uniforme kaki, des vieilles dames toutes fanées dans des robes passées de mode depuis au moins 60 ans et portant des bonnets d'intérieur d'un blanc immaculé, des dames à la mode, des écoliers portant des cols rigides, des pantalons courts et des chaussettes longues et de nombreuses veuves toutes vêtues de noir. Peut-être est-ce à cause de leurs spectaculaires vêtements de deuil, mais il semble y avoir un nombre étonnant de jeunes veuves à cet endroit...

J'étais entièrement absorbée par ma lecture du roman A Sower of Wheat de Harold Bindloss, et j'étais donc un peu déboussolée lorsque j'ai entendu les gémissements d'un soldat. Je me suis alors rendue compte que je n'étais pas au milieu d'une jolie prairie et que je ne me régalais pas de gâteaux de maïs et de sirop d'érable. En fait, je suis assise sur une couchette minuscule de deux sur quatre, attendant les premières lueurs de l'aube grise et froide. C'est le moment où je dois commencer à laver les malades et prendre leur température de même que faire les lits. »