La pression est réelle pour la génération sandwich – mais vous n’avez pas à faire cavalier seul

Elle donne l’exemple de Sarah, une cliente divorcée qui a perdu son père récemment et dont la mère montre des signes de démence. Sarah était inquiète, sachant qu’elle devrait aider sa mère physiquement et financièrement, sans savoir quels pourraient en être les coûts. De plus, Sarah se prépare à ce qu’un de ses enfants entame des études postsecondaires tout en épargnant pour sa propre retraite. « Ces objectifs sont concurrents compte tenu de ressources financières limitées », affirme Mme Wood.

« Il s’agit alors de commencer à la faire réfléchir à sa propre situation, non seulement à la façon d’aider sa mère, mais aussi à ce qu’elle veut pour elle-même pour sa retraite » ajoute-t-elle. « Tout cela semble insurmontable, car cela constitue un ensemble de préoccupations qui tourne dans votre tête. »

Ces facteurs de stress peuvent engendrer des répercussions financières, émotionnelles et même physiques. Toutefois, avec le soutien de professionnels des services financiers et de soins de santé, les aidants peuvent vivre leur vie en se concentrant sur ce qui compte le plus pour eux maintenant, tout en planifiant leurs propres objectifs futurs.

Mme Wood indique que, dans des situations comme celle de Sarah, elle adopte une approche par étapes afin de trouver les bonnes solutions pour assurer la stabilité financière de chacun. Cela commence par une séance de collecte de renseignements, non seulement sur les aspects financiers, mais aussi sur les objectifs et les options en matière de mode de vie. La conversation peut aussi comprendre des conseils sur les stratégies fiscales et de placement, ainsi que sur la planification successorale.

La mère de Sarah est venue à la rencontre avec Mme Wood et elles ont travaillé ensemble à l’élaboration d’un plan. « La séance a été très réconfortante et valorisante. Elle a aussi ouvert un dialogue entre la mère et sa fille, ce qui leur a permis de se sentir partenaires pour toutes les solutions qu’elles ont choisies », affirme-t-elle.

L’étape suivante a été d’examiner la situation de Sarah, y compris ses ressources pour les études de son enfant, et de faire participer son enfant à des discussions sur l’établissement d’un budget afin qu’ils sachent comment gérer leurs finances. Mme Wood souligne qu’il est important pour les enfants majeurs d’apprendre que « les ressources financières sont limitées et de comprendre ce qui leur sera offert à court et à long terme afin qu’ils puissent planifier en conséquence ».

Après des conversations de la sorte, « chacun s’en retourne, peut-être pas avec 100 % de ce qu’il voulait, mais en se sentant autonome et en sachant que des possibilités existent », ajoute-t-elle. « Plus tôt ces conversations ont lieu, plus c’est facile, car s’il faut changer de cap, vous avez plus de marge de manœuvre pour apporter des ajustements au plan financier. »

Les femmes peuvent parfois mettre de côté leurs propres objectifs financiers pour soutenir les autres, précise Mme Wood. Par exemple, une étude menée en 2024 par Women of Influence+ en collaboration avec la Banque CIBC a révélé que 63 % des femmes considèrent le patrimoine comme un soutien à la famille et aux proches, et 56 % des femmes ont indiqué que les attentes familiales représentent un défi important en matière de constitution de patrimoine.

Mais les femmes doivent tenir compte de leurs propres priorités et objectifs lorsqu’elles font de la planification financière, affirme-t-elle. Un conseiller de confiance peut les aider à atteindre cet équilibre.

« Notre conseil est d’ouvrir le dialogue entre les parties touchées afin que les objectifs et les préoccupations soient communiqués, et qu’il soit possible de trouver des solutions qui permettent à tout le monde d’obtenir ce dont il a besoin sans qu’une seule personne n’ait à supporter seule tout le fardeau financier », poursuit Mme Wood. « Le dialogue doit aussi inclure d’autres frères et sœurs, dans la mesure du possible, pour tenir compte de ce que chaque personne peut apporter en matière de temps, de ressources financières et de recherche si les parents ont besoin de soutien. Je pense que c’est une approche très saine si nous trouvons une façon de répondre aux besoins de tout le monde. »

La Dre Amy Cheng, médecin urgentiste et membre du programme des directeurs médicaux de la Cleveland Clinic Canada, connaît bien les défis auxquels font face les femmes de la génération sandwich. Elle souligne que les femmes à cette étape de la vie doivent avoir des conversations avec leurs proches au sujet de l’avenir, même lorsque c’est difficile. Les questions comme les procurations, pour les décisions financières et de santé et les soins de fin de vie doivent être abordées pendant que les femmes sont en bonne santé.

« Ce sont des questions difficiles à poser, en particulier dans certaines cultures », dit la Dre Cheng, soulignant qu’il peut être utile de faire participer un professionnel à ces conversations. « S’il y a une crise ou si le parent n’est plus cognitivement capable de prendre des décisions pour lui-même, la famille sera en position d’honorer ses volontés. »

Les aidants doivent aussi se préoccuper de leur santé et de leur bien-être et s’assurer qu’ils ne s’épuisent pas, ajoute la Dre Cheng. Communiquer avec les médecins de la famille et des professionnels de santé mentale peut aider à réduire la charge. De même, les aidants qui s’occupent de membres de la famille vieillissants peuvent bénéficier de ressources comme des programmes de repas, des programmes de jour pour adultes, des préposés au soutien personnel, des services de nettoyage, des soins de relève, des soins à domicile personnalisés et même des séjours temporaires dans des établissements d’aide à la vie autonome.

« Parfois, vous avez simplement besoin d’une pause », dit-elle, ajoutant que les médecins de premier recours peuvent aider à trouver des ressources locales.

Mme Wood et la Dre Cheng soulignent qu’il est essentiel que les femmes de la génération sandwich prennent soin d’elles-mêmes pour tenir à distance le stress et l’épuisement. Des petits gestes qui donnent la priorité au soin de soi peuvent apporter beaucoup, affirme la Dre Cheng. Par exemple, si les personnes aidantes se sentent dépassées, elle leur recommande de prendre des micropauses, comme une promenade de cinq minutes à l’extérieur, du temps dans une pièce tranquille ou un petit moment pour respirer.

« Assurez-vous de bien vous reposer et de prendre soin de vous du mieux que vous pouvez pour être présent à la fois mentalement et physiquement et pour être en mesure de prendre soin des autres. »