L’escalade de la guerre commerciale et la détérioration des prévisions de croissance ont secoué les marchés financiers et les investisseurs, certains cherchant refuge auprès des marchés privés.
« L’exposition à des actifs et à des catégories d’actifs non représentés dans les indices généraux d’actions ou d’obligations – et qui ne sont donc pas soumis à la volatilité de marché quotidienne ou aux revalorisations fréquentes – peut servir de protection contre la volatilité », affirme Aaron Young, directeur exécutif et chef, Gestion de portefeuilles de clients, et gestionnaire de portefeuille de titres à revenu fixe à Gestion d’actifs CIBC.
La plupart des placements privés sont illiquides et exigent que des capitaux soient investis pendant de longues périodes. Les fonds peuvent aussi faire l’objet de restrictions, c’est-à-dire que les gestionnaires de fonds peuvent limiter les rachats si les demandes atteignent un plafond déterminé.
« Il faut comprendre que ces actifs ne constituent pas une source de liquidités; vous devrez trouver cette source ailleurs », explique M. Young.
Bien que cette solution ne soit pas idéale pour la plupart des petits investisseurs, Gestion d’actifs CIBC fait partie des nombreux gestionnaires d’actifs canadiens qui, au cours des dernières années, se sont associés à des géants des marchés privés comme KKR & Co. Inc. et Ares Management Corp. pour créer des structures de fonds combinant l’accès aux actifs privés avec une liquidité plus importante.
M. Young soutient que les marchés privés rendent plus supportable la volatilité à court terme, du fait qu’ils donnent une meilleure stabilité aux portefeuilles.
« S’il est difficile d’ignorer les portefeuilles de titres à revenu fixe ou d’actions en cas de repli de la valeur de marché, une telle baisse ne se reflète pas aussi rapidement sur les marchés privés », dit-il.
« C’est l’une des raisons pour lesquelles nous affirmons que cette façon d’investir est vraiment fondamentale. Vous pouvez voir au-delà des perturbations immédiates et vous demander : « Y a-t-il des obstacles à long terme dans la façon dont cette entreprise peut exercer ses activités, ou a-t-elle les moyens de s’en sortir? »
Colin Lynch, directeur général et chef, Placement non traditionnel à Gestion de Placements TD, affirme que les marchés privés ont fait leurs preuves au cours des cinq dernières années. Cette période a connu une inflation élevée, une hausse des taux d’intérêt et des fermetures de ports, d’aéroports, d’infrastructures de transport, de bureaux et de points de vente au détail en raison de la COVID-19.
« Tout au long de cette période, les marchés privés ont réalisé leurs objectifs », déclare M. Lynch.
S&P Global évalue le total des placements en portefeuille liés à des actifs et titres de créance privés à 15 000 milliards de dollars américains à l’échelle mondiale, comparativement à 10 000 milliards de dollars américains en 2021. Le capital d’investissement représente plus de la moitié du total, mais le crédit privé et les actifs réels, comme les immeubles commerciaux, les infrastructures et les services publics, connaissent également une croissance rapide.
Gestion de Placements TD investit dans les marchés privés, principalement dans l’immobilier commercial, les infrastructures et le crédit privé, tant au Canada que dans le reste du monde.
Dans le segment du crédit privé, les prêts sont souvent structurés selon des taux d’intérêt variables, ce qui signifie que l’intérêt dû par l’emprunteur est ajusté à la hausse ou à la baisse en fonction des fluctuations de taux d’intérêt à court terme.
M. Young estime logique que les investisseurs en prêts privés aux États-Unis constatent une remontée des rendements par rapport aux titres de créance privés canadiens, puisque les taux directeurs canadiens continuent de baisser comme prévu.
Si les droits de douane persistent, le capital d’investissement sera un autre domaine à surveiller avec attention, précise M. Young. De nombreuses petites entreprises, en particulier dans le secteur des services, tirent leurs revenus d’une seule région, et seront donc moins touchées par les différends commerciaux.