Les plaques tectoniques se déplacent. Les tarifs douaniers récemment imposés à l’occasion du « jour de la libération » ont considérablement augmenté les droits à l’importation aux États-Unis – même après l’annonce d’un délai de 90 jours –, entraînant des taux tarifaires inégalés en près d’un siècle.
Les États-Unis emploient les tarifs douaniers comme outil de la diplomatie du dollar pour tenter de remodeler la dynamique commerciale, dans le but de renforcer le secteur manufacturier américain et de miner la menace que représente la Chine, perçue comme une concurrente mondiale dans le secteur de la technologie et une rivale militaire de longue date.
Malgré d’importants obstacles économiques et une incertitude élevée, nous nous attendons à ce que les États-Unis, le Canada et l’économie mondiale évitent une récession au cours des 12 prochains mois, même si le risque de baisse a manifestement augmenté.
Nous prévoyons un ralentissement de la croissance plus prononcé aux États-Unis que dans les autres économies, résultat de l’effet cumulatif des tarifs douaniers mondiaux. Quant au Canada, nos perspectives tiennent compte de l’incertitude initiale qui se répercutera sur l’activité économique jusqu’à ce qu’un accord commercial soit conclu avec les États-Unis. Par la suite, nous nous attendons à une reprise modeste de la croissance oscillant autour du potentiel. Ailleurs, nous tablons sur des négociations qui aboutiront à des tarifs douaniers moins élevés, sur une croissance stable dans la zone euro, soutenue par la politique monétaire et les mesures de relance budgétaire, sur une baisse limitée de la croissance en Chine en raison de l’augmentation des mesures de relance et des investissements dans les technologies ainsi que sur une baisse des prix du pétrole permettant d’amortir davantage les répercussions des tarifs douaniers.
Compte tenu du contexte politique hautement incertain, nous recommandons une position neutre à l’égard des actions par rapport aux obligations pour les 12 prochains mois. Malgré une balance des risques à court terme favorable aux obligations, le contexte actuel où les menaces tarifaires sont amplifiées par les tactiques de négociation évolue rapidement; ainsi, un changement de scénario pourrait entraîner des perspectives plus favorables pour les actifs à risque. Dans une conjoncture idéale, prévoir le marché pose tout un défi pour les investisseurs; c’est particulièrement terrifiant en ce moment.
Sur les marchés des actions, la diplomatie du dollar remet désormais en question l’exceptionnalisme américain, exposant les actions américaines surévaluées à une baisse de la demande des investisseurs étrangers, dont les avoirs atteignent des sommets sans précédent. Nous sommes optimistes à l’égard du Canada et de l’Europe. Du côté des titres à revenu fixe, les obligations d’État américaines sont intéressantes. Pour ce qui est des devises, nous nous attendons à ce que le dollar américain continue de fléchir et à ce que le dollar canadien s’apprécie par rapport à celui-ci.
En périodes de grandes incertitudes, il est particulièrement important que les investisseurs fassent preuve de rigueur, qu’ils se concentrent sur leurs objectifs à long terme et qu’ils conservent un portefeuille bien diversifié. Même si l’incertitude pourrait soutenir une volatilité accrue des marchés pendant une période prolongée, l’histoire montre que les marchés des actifs sont à même de surmonter d’importantes perturbations – comme la pandémie de COVID-19, une inflation inégalée depuis des décennies et des taux d’intérêt en hausse – comme ce fut le cas au cours des cinq dernières années. Les investisseurs qui ont résisté à ces défis se sont bien tirés d’affaire.
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